Seconde Restauration

La Seconde Restauration (1815‑1830) : retour de la monarchie en France

La Seconde Restauration désigne la période de l’histoire de France comprise entre 1815 et 1830, durant laquelle la dynastie des Bourbons revient au pouvoir après la chute définitive de Napoléon Ier. C’est une période de tensions politiques et sociales, où le pays tente de concilier l’héritage de la Révolution française et les idéaux monarchiques.

1. Contexte historique

Après la défaite de Napoléon à Waterloo en juin 1815, les grandes puissances européennes (Royaume-Uni, Autriche, Prusse, Russie) imposent le retour des Bourbons. Louis XVIII, frère de Louis XVI, retrouve le trône et met en place la Seconde Restauration, distincte de la Première Restauration (1814‑mars 1815), interrompue par les Cent-Jours.

Le Congrès de Vienne (1814‑1815) a pour objectif de restaurer la stabilité en Europe, redéfinir les frontières et limiter l’influence révolutionnaire en France. La monarchie est restaurée, mais le pays est profondément divisé : les partisans de Napoléon (les bonapartistes), les libéraux et les ultras royalistes entretiennent des visions opposées de la France.

2. Les principaux acteurs

Louis XVIII (1815‑1824) : Roi modéré, il tente de créer un équilibre entre la monarchie et les acquis de la Révolution. Il est surnommé le “roi de la Charte” pour son attachement à la Constitution.

Charles X (1824‑1830) : Frère cadet de Louis XVIII, il est conservateur et favorable à la monarchie absolue. Il cherche à restaurer le pouvoir royal et l’influence de l’Église.

Les Ultras : Groupe royaliste extrême qui souhaite un retour complet à l’Ancien Régime et défend l’autorité religieuse et monarchique.

Les Libéraux : Soucieux de protéger les acquis révolutionnaires, ils demandent des réformes politiques et l’élargissement du suffrage.

Le peuple et la bourgeoisie : La bourgeoisie enrichie sous l’Empire aspire à la stabilité et à des libertés économiques, tandis que les masses populaires restent influencées par les idéaux révolutionnaires.

3. La Charte constitutionnelle de 1814

Louis XVIII conserve la Charte de 1814, qui devient la constitution du royaume :

Monarchie constitutionnelle : Le roi détient le pouvoir exécutif, mais doit partager le législatif avec deux chambres : la Chambre des députés et la Chambre des pairs.

Libertés publiques : Liberté de religion, égalité devant la loi, maintien du Code civil napoléonien.

Suffrage censitaire : Seules les personnes payant un certain impôt peuvent voter, limitant la participation populaire.

Cette charte est un compromis entre monarchie et héritage révolutionnaire, mais elle ne satisfait ni les ultras ni les libéraux.

4. Économie et société

L’économie est marquée par l’héritage napoléonien, la reconstruction après les guerres et la remise en place du commerce international.

Les tensions sociales augmentent, avec les anciens soldats et vétérans napoléoniens, souvent déçus par le retour de la monarchie.

L’influence de l’Église catholique croît, ce qui provoque des frictions avec les partisans de la laïcité et les libéraux.

5. Les grandes crises de la période

Les souvenirs napoléoniens : Le peuple et certains militaires restent attachés à Napoléon, alimentant les bonapartistes.

Tensions politiques : La lutte entre ultras et libéraux fragilise le pouvoir.

Crises religieuses : L’influence de l’Église et les mesures pro-clergé de Charles X provoquent des contestations.

Ordonnances de juillet (1830) : Charles X tente de restreindre les libertés en suspendant la presse et en dissolvant la Chambre des députés, déclenchant la révolte.

6. Fin de la Seconde Restauration

La Révolution de Juillet 1830, aussi appelée les Trois Glorieuses, met fin à la Seconde Restauration :

Trois jours d’émeutes à Paris face aux mesures de Charles X.

Abdication de Charles X et fuite en exil.

Louis-Philippe Ier, duc d’Orléans, devient roi, inaugurant la Monarchie de Juillet (1830‑1848), régime plus libéral et bourgeois.

7. Bilan de la Seconde Restauration

La Seconde Restauration est une période de tentatives de compromis entre tradition monarchique et héritage révolutionnaire. Elle montre :

La difficulté de restaurer une monarchie absolue dans une société transformée par la Révolution et l’Empire.

La montée des tensions entre conservateurs et libéraux.

La nécessité d’adapter la monarchie aux nouvelles aspirations politiques et sociales de la France.

Cette période prépare les débats politiques du XIXe siècle et illustre la fragilité des régimes monarchiques face aux aspirations démocratiques.

Chronologie de la Seconde Restauration

1815 – Le retour des Bourbons

• 18 juin 1815 : Défaite de Napoléon à Waterloo.
• 8 juillet 1815 : Louis XVIII revient sur le trône pour la Seconde Restauration.
• Juillet 1815 : Adoption de la Charte constitutionnelle, garantissant monarchie constitutionnelle et libertés publiques.

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1815‑1824 – Règne de Louis XVIII

• Période de tentatives de compromis entre les ultras et les libéraux.
• Maintien du Code civil napoléonien.
• Émergence de tensions entre :
  • Ultras : favorables à l’Ancien Régime et à l’influence de l’Église.
  • Libéraux : défenseurs des acquis de la Révolution et du suffrage censitaire.
• Développement économique modéré après les guerres napoléoniennes.

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1824 – Début du règne de Charles X

• Charles X devient roi après la mort de Louis XVIII.
• Politique conservatrice et pro-clergé :
  • Restauration des privilèges de l’Église.
  • Influence des Ultras dans le gouvernement.

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1824‑1830 – Crises politiques et sociales

• Contestations libérales contre les mesures conservatrices de Charles X.
• Mécontentement populaire et des classes moyennes :
  • Restriction des libertés de presse.
  • Dissolution des chambres et limitation du suffrage.
• Les tensions s’accumulent, préparant une révolution.

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1830 – La Révolution de Juillet

• Les Trois Glorieuses (27-29 juillet 1830) : Émeutes à Paris contre les ordonnances de juillet.
  • Suspension de la liberté de la presse.
  • Dissolution de la Chambre des députés.
  • Restriction du suffrage.
• Charles X abdique et s’exile.
• Louis-Philippe Ier devient roi, début de la Monarchie de Juillet.

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