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Utilisatrice:Oscura03/Histoire

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Lorsque tous périront,

Que des grenades tomberont du ciel,

Les deux élus devront suivre le sentier,

Menant aux étoiles…

Chapitre 1

Salomon regardait par la vitrine, assis comme toujours sur le rebord, où un énorme coussin moelleux lui servait de perchoir. Ledit coussin avait des rayures blanches et bleues, décoré de petits points noirs parsemés sur le tissu. Comme chaque jour, à la même heure, la bande de quatre chats errants venait pour récupérer leur butin. Leur chef, Rauque, le fixa de son regard indéchiffrable. Étant un Mau Égyptien, sa fourrure était d'un gris foncé tacheté de noir. Comme tous les chats de sa race, ses yeux étaient verts pâles et son front était marqué par un « M » distinct. Une gargantuesque balafre partait du haut de son œil, jusqu’au bas de sa joue droite. Une partie de son oreille gauche était manquante, synonyme d'une ancienne bagarre. Salomon descendit donc de son coussin et se dirigea dans un coin reculé, le plus loin possible des humains. Il attendit qu’aucun le regarde et donna un petit coup sec sur une trappe d'aération menant à un garage. Le matou entra par reculons dans l'ouverture, puis referma la grille. Le tunnel était étroit et sombre. Une panoplie de petits clous dépassaient çà et là, ce qui pourrait être néfaste pour ses coussinets. Salomon tenta de se retourner pour avancer par le devant, mais son petit surplus de poids était loin d’être un avantage. Après une énième tentative, il réussit enfin. Le jeune chat perpétua son chemin en prenant garde d'éviter les toiles d'araignées, les noircissures et les répugnants cloportes. Il ne voulait absolument pas maculer de saleté son bellicisme pelage couleur feu. Effectivement, Salomon était un chat roux Abyssin au pelage court et soyeux, ayant des yeux verts émeraudes et un museau d’un rose saumon. Sur son dos, on pouvait apercevoir quelques rayures brunâtres et de loin il aurait pu ressembler à un puma miniature. Après plusieurs minutes à ramper et à se faufiler, il arriva au garage. Là-bas s'entassaient plusieurs motos de livraisons rouges et blanches, qui appartenaient à la Pizzeria Salomon et Cie, celle de son maître. Salomon poussa la grille et partit à la rencontre des chats, qui l'attendaient déjà depuis longtemps.

« - Tu en as mis du temps, dit Rauque d’un air lassé.

- Le chemin a été plus long que prévu, lui répondit Salomon.

- Tu parles comme si cela faisait des jours que tu marchais, dit un cornish rex que Salomon n'avait jamais rencontré auparavant. Ce jeune chat avait une tâche noire autour de son œil gauche et une crème de l’autre. Le reste de son pelage se mélangeait entre ses deux couleur, ajouté de blanc. Ses yeux étaient de couleur jaunes et son pelage était court et duveteux. De plus, sa queue était mince et longue.

- Peut-être que chaque pas est épuisant pour un chat domestique, continua Aphrodite, une chatte dont la race portait son nom, d'un air moqueur. Sa fourrure était magnifique, se mélangeant entre le roux sur les deux oreilles et la queue, et le blanc sur le reste de son corps. Ses grands yeux perçants étaient noisettes.

- ASSEZ JACASSER ! cria Rauque. Où est notre butin ? dit-il à Salomon.

- Vous devriez l'appeler le butin. C'est moi qui le vole à mon maître et qui le trahit chaque jour, chuchota Salomon.

- Tu as du culot le chat domestique, cracha Oeil-d'aigle, un chat main coon. Cet énorme matou avait les yeux jaunes et son long pelage était gris avec quelques touches de blanc.

- Rien ne te l'oblige à nous le donner, mais je te rappelle que nous sommes affamés et que tu as un bon ventre joufflu, miaula Rauque. »

Salomon se sentit alors tout petit et vulnérable. Il s'empressa de courir vers la porte grinçante menant à l'atelier et poussa une énorme caisse de bois sous la poignée afin d’ouvrir la porte. Une fois à l'intérieur, le jeune chat roux s'assura qu'aucun chat errant ne l'espionnait, car il n'y avait pas que de la nourriture ici; il y avait aussi plusieurs coffres-forts appartenant à son maître. Lesdits coffres avaient un mot de passe, mais les chats errants avaient plus d'un tour dans leur sac. Ils pourraient, avec beaucoup de persévérance, les ouvrir. Salomon prit alors le sac rempli de nourriture qu'il avait préparé la veille et le traîna par sa gueule. Par contre, ce qu'il n'avait pas remarqué, c'est qu'il y avait un rat qui mangeait les deux filets de poissons du chef. À son retour, il eut une mauvaise surprise de la meute, qui déjà, se battait, car chacun voulait son aliment favori.

« -Ah ! Enfin de quoi se rassasier. Ça fait des heures que j’attend ce moment, dit Oeil-d'aigle.

-C'est moi qui prend le fromage ! dit Farouche.

-Et moi la cuisse de poulet, répondu le chat qui était inconnu à Salomon. »

Les chats prirent, chacun leur tour, leur aliment préféré. Étant le chef, Rauque se devait de prendre la première bouchée. Au moment où il allait la prendre, Aphrodite cria :

« -Chef ! Il y a un rat ! Le chat domestique a mis un rat pour qu'il mange toute votre part !

-Je n'aurai qu'à le manger. Où est-il ? »

Le vieux chef tourna ses poissons et vit le rat. Il avait mangé la moitié d'un filet.

« -Mais il est maigrelet! Comment veux-tu que je mange quoi que ce soit sur cette misérable créature !? s'énerva Rauque. Tu as voulu me mettre en colère, le rouquin ?!

-Sans vouloir vous vexer, il vous reste un poisson et une moitié, répondit Salomon.

-Je vais les manger, tes poissons. Mais sache que pour ta tentative d'éliminer ma nourriture, tu devras me chasser une proie, sous mes yeux. »

Salomon se recroquevilla de peur sur lui-même. Il n’avait jamais chassé, cela comportait bien trop de risques pour sa santé ! Le jeune chat, affolé, imagina plusieurs scénarios, aussi terribles les uns que les autres, comme celui où il ne pourrait plus voir sa maîtresse préférée, Rose, la petite fille âgée de 3 ans de Marc, car il aurait développé une maladie tellement rare qu’aucun remède n’aurait été développé par les scientifiques. En revanche, Salomon n’avait pas le choix, il avait des dettes à rembourser. En effet, son père, Calicot, avait appartenu à la meute de Rauque lorsqu’il était de ce monde. Un jour, il avait trouvé six chatons affamés sur les rives d’un lac. Sans en glisser un mot à son chef, il déroba le trois quart de la réserve de nourriture d’hiver de la meute pour nourrir les pauvres petits. S’apercevant de ce crime seulement le lendemain, Rauque le convoqua devant la meute pour s’expliquer. Ayant aucune raison qui plaisait à celui-ci, Calicot fut obligé de réparer son crime en récupérant toute la nourriture volée. Malheureusement, les chatons avaient déjà tout dévoré, ce qui compliquait gravement les choses de leur sauveur, qui devait maintenant chasser exactement le même nombre de proies qu’il avait dérobé, peu importe le temps que  ça lui prendrait. Cependant, Calicot fut assassiné par un membre de la meute quelques mois après son vol, donc ses dettes revenues à Salomon, alors âgé d’une année. Depuis maintenant deux an, le jeune chat remplissait cette tâche sans relâche, attendant patiemment la fin de l’endettement de son père, qui normalement s’achevait bientôt.

« -D'accord, je vais le faire, dit Salomon, peu assuré. »

Pendant que les chats mangeaient, Salomon alla voir si tout se passait bien à la pizzeria. Avec plus de facilité que tout à l'heure, il traversa la trappe d'aération. Il atterrit dans une salle circulaire où se trouvait plusieurs tables en bois patiné. La salle à manger était bondée de personnes, qui dégustaient des repas variés.  Les murs étaient gris pâle et décorés d’œuvres d’art appartenant à des artistes québécois. Le plancher était en bois de chêne et un énorme tapis bleu partait de l’entrée jusqu’au comptoir. D’ailleurs, c’est au ledit comptoir que toute l’existence de Salomon allait changer. Là-as, il y avait un vieil homme au cheveux gris bouclés qui se disputait avec un employé,Marc, le maître de Salomon. Ce jeune homme était de taille moyenne et avait les cheveux blonds courts. Il portait des lunettes vertes, ce qui mettait en valeur ses yeux marrons. Le jeune chat s'approcha d'eux pour épier leur conversation. Il se cacha derrière une plante d'intérieur pour ne pas que Marc le remarque, ou pire, que le vieil homme le voit.

« - J'ai le droit de prendre une place ! Cria l'homme.

- Monsieur, notre salle est pleine. Par contre, vous pouvez réserver, répondit Marc.

Le vieil homme tapa sur le comptoir.

- Je me fiche de vos réservations ! Je veux une table maintenant !

- Alors vous devez attendre comme tout le monde, dit Marc.

- Je suis plus âgé, ils doivent me donner leur place ! S'écria l'homme en regardant des petits enfants du coin de l’œil.

- Ils sont arrivés avant ! Dit le maître de Salomon, qui commençait vraiment à s'énerver. Venez, nous allons discuter de cela dehors.

Les deux monsieurs sortirent et le vieil homme recommença à crier. Salomon aurait bien voulu continuer à entendre leur conversation, mais il n'eut pas le temps de se faufiler par la porte lorsque les deux hommes sortirent. De l'intérieur, il entendait crier, mais aucune parole distincte ne lui parvenait à l'oreille. Puis, lorsqu'il se dit qu'il allait retourner voir les chats errants, le vieil homme donna un violent coup de poing à Marc, qui s'écroula la tête première sur le trottoir de béton. Salomon resta figé par la surprise, puis après quelques secondes, il ressentit une folle rage envers cet homme. Sans réfléchir, il courut aussi vite que ses petites pattes lui permettaient vers une fenêtre et sauta pour l'atteindre. Les clients, qui avaient regardé le spectacle, se poussèrent de ladite fenêtre et Salomon la percuta. La vitre retomba en milliers de petits fragments de verre sur le sol. Il sentit une profonde douleur à l'épaule droite, mais l'ignora totalement. Il vit Marc, au sol, immobile, son crâne en sang. Le vieil homme n'était plus près de Marc. Salomon leva la tête et le vit courir le plus vite possible, loin de Marc. Le jeune chat sauta sur ses pattes et courut à la poursuite de l'homme. Cependant, il ne se rendit pas compte que les chats errants le suivaient de loin. Dans un dernier sprint, il atteignit l’homme.

« ARGH !!! cria Salomon. »

Le jeune matou avait pris l'homme par surprise et en profita pour lui sauter dessus. Le vieux monsieur le prit par la peau du cou et le lança de toutes ses forces sur l'arbre le plus proche. Salomon prit le coup sur le dos et s'écroula par terre.

- Ce n'est pas un chat errant qui va m'arrêter ! Cria l'homme.

Le jeune chat roux pensa alors à Marc qui était peut-être gravement blessé et se releva. Il chargea le malfaiteur et lui sauta au visage. Il le griffa, le morda et puis, au bout d'un moment, au septième coup de griffe, Salomon entendit un cri déchirant, venant de son rival. Il couvrait son œil gauche à l'aide de sa main. Le jeune chat savait maintenant qu'il avait vengé Marc et s'écroula sous la douleur de son dos et de son épaule. Tout ce qu'il entendit avant de s'endormir fut la sirène d'une ambulance. Il espéra que c'était pour Marc, puis s'endormit au moment où Rauque et sa troupe sortirent de leur cachette pour lécher ses blessures...

Chapitre 2

Salomon se réveilla sur une surface moelleuse, comme son coussin sous la vitrine à la pizzeria, sauf que les odeurs étaient très différentes. Effectivement, plusieurs effluves animales pouvaient être senties, dont beaucoup appartenaient à des chiens. Le jeune matou ouvrit les yeux et resta bouche bée: il était chez le vétérinaire, quelle horreur ! Soudainement anxieux, il tourna subitement la tête afin d’apercevoir quel humain l’accompagnait dans cet enfer. Ce n’était pas Marc, mais un homme portant une blouse bleu pâle. Salomon ne se rappelait pas où il l’avait vu, mais il lui semblait familier. Paniqué, il sauta de ses genoux et hérissa son poil.

« - Mais que fais-tu ! cria l’homme.

« Je m’enfuis du vétérinaire qu’est que tu crois, pensa Salomon. » »

Il se retourna pour regarder l’endroit où il se trouvait, afin de savoir quelle issue il empruntera pour s’enfuir de ce lieux affreux. La petite clinique peinte tout de blanc était décorée des nombreux diplômes universitaires des employés qui travaillaient ici. À quelques places sur les murs, des tâches jaunâtres salissaient la peinture blanche et quatre fenêtres, dont une entrouverte, surplombaient lesdit murs. Salomon regarda les autres patients de la salle: un énorme Bouvier bernois accompagné de son humaine qui avait visuellement le même âge que le vieil homme malfaiteur, un petit chat sphinx ressemblant à Yoda de Stars Wars en enlevant la couleur de sa peau et une chatte siamoise qui le regardait avec un regard hautain.

«- Sauve toi de cet endroit tant que tu en as le temps, lui jappa le chien.

-C’est ce que j'essaie de faire, sac à puces ! répondit il. »

-Je ne te conseille pas de partir, dit la siamoise en articulant tous ses mots, une petite chirurgie ne ferait pas de mal à ton physique… banal. »

Bouillant de honte, Salomon leur tourna le dos, juste à temps pour voir son accompagnateur s’approcher furtivement de lui afin de le rattraper. En moins d’une seconde, le jeune chat sauta sur le côté et partit au pas de course vers la fenêtre entrouverte. Comment pouvait-il l'atteindre ? C’était la question qu’il se posait en ce moment même. Rapidement, il regarda les étagères de médicaments pour évaluer leur solidité s'il décidait de s’en servir pour sauter jusqu’à la fenêtre. N’ayant pas le temps de trouver une autre solution, Salomon grimpa dessus, en faisant tomber toute une panoplie de flacons de pilules. L’homme tendit les bras pour l'attraper. Le matou n’hésita pas une seconde et sauta vers la fenêtre. Malheureusement, l’horrible douleur à son dos l’empêchit de réussir convenablement son atterrissage.

« - M.Lonell ! cria un vétérinaire à l’homme qui tentait de reprendre Salomon. Vos résultats sont prêts. Il semblerait que votre chat ait une grave fracture à la colonne vertébrale. Heureusement, la moelle épinière n’a pas été touchée lors de l’im….. »

Le pauvre monsieur regarda Salomon, puis fit de même avec Lonell. Ne sachant pas quoi faire, il haussa les épaules d’un air perdu. L’accompagnateur de Salomon soupira et s’empressa de courir vers la sortie afin de venir rejoindre le fugueur par l’extérieur. Ni une ni deux, le jeune matou roux se mit à courir. Il n’avait aucune idée où il se trouvait. Tout ce qu’il savait c’était qu’il était entouré d’énormes bâtiments et de  gratte-ciel. La fenêtre entrouverte donnait sur une étroite ruelle ensevelie de plusieurs sacs de détritus et quelques rats se promenaient çà et là. En les regardant, Salomon se rendit compte à quel point il avait faim. N’ayant pas le temps de s’apitoyer sur son sort, il continua sa course, sautant par dessus les ordures et contournant les trappes d’égouts. Rapidement, il arriva devant une intersection de trois rues.

« Laquelle je prend ? se demanda Salomon. »

Il n’avait que quelques secondes pour réfléchir à quel chemin il allait emprunter. Le jeune chat prit alors la rue de gauche et continua à courir. Il se retourna pour voir où son poursuiveur était, mais il n’aurait pas dû, car il arriva tête première sur les jambes d’une humaine qui marchait sur le trottoir. L’humaine se pencha, puis le prit dans ses bras. Salomon se tortilla pour s’échapper de son emprise, mais en vain.

« -Raphaël, tu n’avais qu’une seule tâche à accomplir: amenez un chat chez le vétérinaire. C’est tout ce que ton frère t’a demandé, dit une vieille femme.

-Maman ! Je… je ne savais pas que tu venais ici aujourd’hui… »

Le jeune chat tourna la tête et remarqua avec surprise que la vieille femme était nulle autre que Rita, la mère de Marc. Donc l’homme en blouse bleue devait être… Le frère de Marc, Raphaël Lonell !

« Voilà pourquoi il me disait quelque chose cet homme, se dit Salomon. »

« - Je suis vraiment navré, maman. Seulement, ce chat est une petite peste et il m’a échappé. Je ne comprends pas comment Marc peut aimer une telle bête.

-Arrête immédiatement de rouspéter et ramène ce matou là où il devrait être en ce moment, répondit sa mère avec fermeté. »

Juste en entendant cette phrase, la panique gagna Salomon. Premièrement, personne n’aimait aller chez le vétérinaire. Deuxièmement, pourquoi Marc ne l’avait pas amené lui-même ? Il était peut-être gravement blessé ou pire: que ce soit ses dernières volontés ! En tant que compagnon de son maître, il se devait de le retrouver et de l’aider au besoin. Alors, tout d’un coup, il se laissa glisser entre les bras de Rita et retomba sur ses pattes sur le trottoir de béton. Surprise, la mère de Marc voulut le rattraper, mais Salomon était déjà loin, courant aussi vite qu’il le pouvait. Il passa devant plusieurs boutiques, mais une avait une porte entrouverte. Rapidement, le jeune chat entra. C’était une boutique de savons et de parfums. Pour l’odorat extrêmement bien développé des chats, c'était beaucoup trop d’odeurs pour que ce soit supportable. Ladite boutique était une pièce de grandeur moyenne, comportant des murs rose pâle. Plusieurs étagères de produits trônaient çà et là, laissant aux clients une panoplies de choix. Un énorme comptoir de quartz noir était à droite de la salle, ou une employée lisait un livre pour patienter. À l’arrière d’elle, se trouvait une porte en bois rouge marquée « Staff only »… Cette porte était intrigante, comme toute celle où l’accès était interdite, mais que bizarrement, tu ressentais la folle envie d’y jetter un œil. Entre la porte d’entrée et le comptoir, se trouvait la cachette idéale afin que Salomon échappe à Raphaël: un tablier sur une chaise.  Il se cacha sous ce meuble d’un bois de bouleau et regarda la porte, attendant que Raphaël pénètre dans la boutique. Malheureusement, tout ce qu’il pouvait voir de sa cachette était les écritures marquées en rouge du tablier et les jambes de son poursuiveur, qui venait d'entrer, par une minuscule fente entre la chaise et le morceau de tissu qui le recouvrait. M. Lonell chercha du regard le jeune chat perdu, mais ne le voyant pas, il demanda à la jeune femme qui était au comptoir:

- Excusez-moi, mademoiselle ?

- Comment puis-je t’aider ? répondit t’elle. Elle avait de longs cheveux bruns foncés et des yeux gris pâles. Cette jeune employée portait une chemise entièrement blanche, des pantalons noirs et le tout était recouvert par le long tablier rouge de la boutique. Un logo se trouvait dans le coin gauche du tablier, mais Salomon était trop loin pour pouvoir déchiffrer cette écriture.

- Je recherche un jeune chat, qui serait apparemment entré dans votre boutique. L’avez-vous vu ?

- Premièrement, arrête de me vouvoyer, ça me met vraiment mal alaise. Deuxièmement, pourquoi un chat entrerait-il dans une boutique de savon ?

- Hmmm…. Bah en fait …… euh…. C’est une longue histoire, soupira  Raphaël. C’est le chat de mon frère. Il s’est fait agresser hier par un homme voulant absolument une table dans la pizzeria de mon frère, qui lui répétait sans cesse qu’il n’y avait plus de place disponible. Salomon, c’est le nom du chat, a foncé sur une fenêtre, qui s’est brisé en mille morceaux, et a attaqué le vieil homme, qui l’a lancé sur un arbre de toutes ses forces. Le chat a pris le coup sur le dos, ce qui évidemment a créé une fracture. Donc, je l’ai apporté au vétérinaire, mais il a réussi à s’échapper !

- Quelle drôle d’histoire, dit-t-elle.

- Attendez…. Euh…. Attends. Ce n’est pas terminé. J’ai couru afin de le rattraper, mais il est arrivé nez à nez ou plutôt sa tête contre les jambes d’une vieille femme. Elle l’a ramassée, mais imagines toi donc que c’était….. ma mère ! Ensuite, elle m’a fait un peu la morale, sautons cette partie de l’histoire…… Mais le chat a réussi à glisser de ses bras et il a couru dans votre boutique.

- Hmmmm…. D’accord, répondit l’employée, ne sachant pas quoi répondre à cette histoire hors du commun. Je suis vraiment navrée, mais je n’ai pas aperçu ton chat. Quelle couleur est-il ?

- Il est roux.

- Si je le vois, je vous avertirais.

- Merci infiniment. Est-ce que je te donne mon numéro de téléphone afin que tu puisses m'avertir si le chat pointe le bout de son museau.

- Oui oui, le voici, dit-elle en écrivant une longue série de chiffres.

- Merci encore, répondit Raphaël en sortant de la boutique.

L’employée le regarda sortir de sa boutique, puis marcha jusqu’à la cachette de Salomon. Elle s’accroupit devant la chaise et souleva le tablier.

- Tu devrais faire plus attention à l’endroit où tu te caches, petit garnement, dit-elle à Salomon, qui tremblait comme une feuille. J’ai vu un petit bout de ta queue bouger, mais ne t'en fais pas je ne dirais rien je vois bien que tu es terrifié à l’idée de retourner chez le vétérinaire.

Salomon se rapprocha de la jeune femme et se frotta sur ses jambes. Il remarqua son badge d’employé sur son chandail et pu lire son prénom: Iris.

- Que tu es mignon ! cria-t-elle. Si tu veux passer inaperçu afin de retrouver ton maître, il faudra que tu attendes plus tard dans la soirée, lorsqu’il y aura moins de personne dehors.Pendant que tu attends, viens sur le comptoir à côté de moi, petite fripouille.

Le jeune matou la suivit et grimpa sur le haut comptoir de quartz. Il se roula en boule et s’endormit tout de suite, éreinté par toute cette aventure. S’il savait à quel point l’avenir serait un défi……..

Salomon sentit une petite main sur son  pelage, cela lui rappelait Marc. Comme il lui manquait ! Nostalgique, il releva la tête et aperçut un jeune garçon le fixant de ses grands yeux bruns.

- Comment il s’appelle ? demanda-il à Iris.

- Son nom est Salomon, mais ce n’est pas mon chat. Je l’ai seulement recueillie ici pour la journée.

- Si j’étais toi, je le prendrais et je l'amènerais chez moi. Il est bien trop mignon pour être un chat de goutière.

« Chat de gouttière ! Il a dit que j’étais un chat de gouttière ! s’affola Salomon. » Le chat roux hérissa son poil et cracha.

- AH ! cria le garçon effrayé.

- Mais qu’est-ce qui te prend Salomon ! Ce n’est qu’un enfant, chicana l’employée.

- Il est méchant, pleurnicha t-il.

- Je ne sais pas ce qui lui a pris, il ne m’a pas fait cela tout à l’heure, dit-elle.

- Frédéric ! Viens avec moi mon trésor, dit une femme dans le magasin.

Le jeune garçon courut vers sa mère et Salomon le perdit de vue à cause des étagères qui étaient plus hautes que l’enfant. Sentant un regard fixé sur lui, le chat se retourna: Iris le regardait de ses yeux pairs. « Quoi, n’as-tu jamais vu un chat en colère auparavant ? pensa il. Ce morveux m’a insulté de chat de gouttière, il a bien mérité cette frousse. » Ce jeu de regard cessa lorsque Frédéric et sa mère s’arrêta au comptoir pour payer leurs articles.

- Cela fera un total de 16,25$, dit l’employée.

La cliente déposa le montant demandé sur le comptoir et jeta quelques pièces dans le jarre de pourboire à l’organisme Enfant Soleil. Sans un mot, ils partirent de la boutique.

- Salomon ?

Entendant son prénom, le jeune chat se retourna et regarda Iris avec un brin de malice dans le regard.

- Il commence à être tard et la boutique doit fermer. Je ne peux te laisser vagabonder dans les rues à la recherche de ton maître, je me sentirais mal de ne pas t’avoir aider.

Salomon se redressa: il ne serait plus seul pour accomplir cette aventure, du moins pour un certain moment.

- Donc, si j’ai bien écouté l’histoire de M.Lonel, tu travailles avec ton maître dans une pizzeria. Ça ne doit pas être si difficile à trouver, un restaurant avec un chat.

Iris se pencha et sortit de son sac à dos un portable. Salomon ne savait pas particulièrement ce qu’était cet objet, mais il savait que les humains adoraient ce type d’appareils. Ils en passent du temps là dessus ! La jeune femme tapa sur une série de touche, puis cria:

- Bingo ! La Pizzeria Salomon et Cie. C’est pas trop loin d’ici, plus ou moins une demi heure. Je vais t’y conduire, ensuite tu pourras continuer ton voyage. Allez, suis moi !

Iris contourna le comptoir et se dirigea vers la sortie, Salomon sur les talons. Dans la ruelle en face de la boutique se trouvait une magnifique Subaru Impreza verte. C’est là qu’ils se dirigeaient. La jeune femme ouvra la portière avant du passager et fit un signe à Salomon d’entrer. Elle fit le tour de l’automobile et entra à son tour. Ils se mirent en route, d’une petite ruelle à l’autre. Après une dizaine de minutes, la voiture entra sur une autoroute. Anxieux, Salomon se colla au siège. Il sentait qu’un grave événement allait se produire. Ils allaient à une vitesse qui semblait fulgurante pour le jeune chat. Jamais il n’était allé dans un véhicule. Un énorme camion roulait à droite d’eux, il était immense. Sans signaler, il se tassa vers la gauche, ce qu’il ne savait pas, c’était qu’il y avait une voiture juste à côté de lui, dans son angle mort. Iris écarquilla les yeux. Elle tenta une dernière tentative pour échapper à l’incident qui allait se produire en donnant un coup sec sur le volant afin de tourner à gauche, là où il n’y avait aucune voie. Malheureusement, la voiture qui étaient en arrière d’eux pensa à la même chose et les percuta de plein fouet. La petite impreza verte tourna longuement dans les airs, avant d’atterrir au pied d’un arbre, à plusieurs mètres de la route. Salomon était sonné, mais releva la tête en proie d’un pressentiment qui n'augurait rien de bon. Iris avait la tête penchée vers l’arrière d’une drôle de façon. Du sang dégoulinait le long de son cou, de son nez et de sa bouche. Épouvanté, le matou resta figé par la peur.

-Elle est là ! cria un homme.

-Tenez bon, ne bougez pas! cria quelqu’un d’autre.

Cinq personnes arrivèrent en courant vers l’auto.

-Il y a un chat à l’intérieur.

-Est-ce que la conductrice est blessée? demanda une vieille femme.

L’homme qui avait remarqué Salomon s’approcha encore plus du véhicule. Lorsqu’il aperçut Iris, il plaqua une main sur sa bouche et réprima une nausée.

-Aidez-moi à ouvrir la portière, et quelqu’un appelez les urgences, et VITE ! cria-t-il.

Quatre des cinq personnes tirèrent sur la porte qui était bloquée, tandis que l’autre appelait le 9-1-1. Ils réussirent enfin à l’ouvrir, révélant ainsi Salomon, encore les yeux fixés sur Iris. Ceux qui n’avaient pas encore vu les blessures d’Iris détournèrent le regard, horrifié par ce qu’ils voyaient. Le plus jeune du groupe, un garçon d’environ 17 ans, régurgita ton ce qu’il y avait dans son estomac. La vielle femme qui venait de terminer l’appel des urgence s’agenouilla à côté du garçon et le réconforta. Pendant ce temps, l’homme prenait le pouls de la conductrice, assisté par un autre monsieur plus âgé. La cinquième personne, qui était une jeune femme d’environ du même âge qu’Iris, ouvrit la portière où se trouvait Salomon et le prit dans ses bras.

Chapitre 3

L’ambulance ne mit pas de temps à arriver. Deux paramédicaux sortirent en vitesse de leur véhicule et se dirigèrent vers la voiture d’Iris. Salomon regardait tout, avec de grands yeux horrifiés. « Tous ceux qui me côtoient finissent blessé. Je ne suis qu’un porte-malheur, un des pires êtres que la Terre ait porté, pensa le jeune chat. » Le matou gémissait de tristesse. Il y avait trop de douleur dans son petit cœur. Marc était à un endroit inconnu, Iris était entre la vie et la mort et les derniers que Salomon pouvait considérer comme des amis étaient Rauque et sa bande, qui eux aussi n’étaient pas là.

-Il y a très peu de chance qu’elle survive, et encore moins sans séquelles, dit un des deux paramédicaux.

Les 5 personnes baissèrent la tête, triste de cette malheureuse nouvelle. Les ambulanciers sortirent une civière et soulevèrent délicatement Iris afin de la déposer dessus. Ils fièrent extrêmement attention au cou fragile de la jeune blessée. Salomon miaula pour être déposé sur le sol. Lorsqu’il fut par terre, le jeune chat sauta sur la civière et se lova aux pieds de son amie. L’ambulance partie, la sirène allumée. Le véhicule fendait l’air, esquivant les voitures qui barraient son chemin.En moins de 10 minutes ils étaient à l’hôpital. Alors même qu’ils franchissaient la porte des urgences, une panoplie de personnes en uniforme bleu ou blanc vinrent à leur rencontre.

-Cette jeune fille doit être opérée de toute urgence ! ALLEZ ALLEZ ! cria un des paramédicaux qui était dans l’ambulance.

Un jeune homme d’une trentaine d’années en uniforme bleu prit Salomon dans ses bras et l’amena dans une cage, dans la salle d’attente. « Quoi !!!! Mais…. Mais que fais-tu !? IRIS ! IRIIIIIIIIIIIIIIIISSSS!!!!!! miaula t-il ». Désespéré, Salomon s’affala au fond de la cage et mit son museau entre les barreaux. Plusieurs effluves vinrent lui chatouiller le nez. Les personnes dans ce bâtiment étaient en proie à la tristesse, à la maladie, à la douleur et au désespoir, c’était ça l’odeur qui régnait dans l’hôpital. Le jeune chat attendit, attendit, attendit encore et encore. Iris ne revenait pas. Marc non plus n’était jamais revenu le chercher. Salomon était seul, et tout ça était de sa faute. Il n’avait pas réussi à protéger ceux qu’il aimait et l’aidait sans même hésiter. Pour eux, il n’était qu’un chat, un animal de compagnie. Le matou en était là dans ses lamentations quand, par miracle, une vieille dame franchit la porte de l’hôpital. Elle avait dans ses bras un chat d’un blanc immaculé. La patiente fit quelques pas et tomba sur le sol. Elle convulsait et de la bave moussue sortait de sa bouche. Salomon n’avait jamais rien vu de tel. C’était incroyablement terrifiant. Le compagnon à quatre pattes de la dame paraissait habitué à ce genre de crise, alors à l’aide de sa petite main de chat, il remonta le long de sa manche et pesa sur une montre intelligente. Une alarme sortit de cet appareil et une infirmière accourue immédiatement à la rescousse. La vieille femme partit en civière et Salomon la perdit de vue. Par contre, le chat de la dame resta dans la salle et s’approcha du matou roux. La bête blanche avait les yeux vairons: un vert et un bleu.

- Que fais-tu ici ?

Le chat avait un miaulement plus féminin que masculin, ce qui surpris Salomon.

- Toi, qu’est-ce que tu fais? dit-il en retournant la question.

- N’as tu donc pas remarqué ? Je suis d’une grande aide pour ma maîtresse, lui répondit-elle avec une pointe de fierté. Alors tu vas me répondre ?

- Mon amie humaine a eu un accident de voiture. Je l'attends.

- Pourquoi es-tu donc dans une cage…. Sers toi de tes griffes à la fin !

- De mes griffes ? Pourquoi ? demanda Salomon.

- Pour ouvrir le cadenas, Cervelle de poisson ! soupira la chatte blanche.

Un peu exaspéré de l’attitude de ce chat blanc, Salomon opéra tout de même la technique qu’elle lui avait proposée. Après maintes efforts, les deux chats entendirent un cliquetis: le cadenas était ouvert.

- Bon… on fait quoi maintenant ? Les personnes en bleu vont nous voir et nous remettrons dans une cage, dit le chat roux.

- Ce sont des infirmiers, tes hommes en bleu. Et non ils ne nous mettrons pas dans une cage, repondit « l’amie » de Salomon.

Les deux bêtes se faufilèrent derrière une chaise haute et s’accroupirent.

-Ton humaine était-elle en état critique ? demanda la chatte au pelage blanc.

-Euh….. oui je crois.

-Alors elle se trouve au deuxième étage. D’ailleurs, comment tu t’appelle, Cervelle de poisson ? miaula t’elle.

-Salomon.

-Enchanté Salomon. Moi c’est Mystix.

Le matou roux ravala un fou rire. « Mystix, elle peut bien m’appeler Cervelle de poisson avec ce prénom ». Ils se levèrent et coururent vers une porte coulissante. À la surprise de Salomon, dans la pièce, il n’y avait rien excepté un panneau de commande avec plusieurs boutons. Elle était minuscule.

- Qu’est-ce que cette pièce ? demanda le jeune chat roux.

- Ce n’est pas une pièce, Cervelle de poisson. C’est un ascenseur ! C’est comme une énorme cabine qui te promène d’un étage à l’autre. Des escaliers sans marches, expliqua Mystix.

- Bah pourquoi on ne prend pas les escaliers, ça serait plus simple.

Le chatte blanche leva les yeux au ciel. Les portes de l’ascenseur se refermèrent automatiquement, ce qui fit sursauter Salomon.

- Attention ! cria Mystix.

- Pourquoi att…..

Le matou n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Son amie s’était mise debout sur ses deux pattes arrières sur son dos. À l’aide de sa petite patte, elle appuya sur le bouton marqué #2.

- Aïe ! Mais ça va pas !? miaula Salomon, offusqué.

- Oh !!! Fais pas ton bébé, Cervelle de morue.

- J'aimais mieux Cervelle de poisson…. répondit-il.

Les portes s’ouvrirent laissant apercevoir un long et étroit couloir.

- Nous allons regarder chacune des chambres pour retrouver ton amie, dit Mystix.

Les deux chats marchèrent lentement, regardant tous les patients dans les chambres. Après maintes arrêts Salomon s’écria:

- C’est elle ! C’est Iris !

Salomon cours et sauta sur le lit. Il resta bouche bée par ce qu'il vit. Un masque d’oxygène était attaché au visage de son amie par un tuyau. Une énorme machine qui faisait des bip bip et des lignes cassées se trouvait à côté d’elle. Sur les deux chaises de la salle, deux personnes dormaient. Un homme et une femme d’une quarantaine ou cinquantaine d’années. L’homme était grand et maigre comme un clou. Il avait les cheveux noir avec plusieurs mèches grises, ses yeux étaient marrons. Sa femme était petite et avait des yeux bleus très pâles. Ses cheveux étaient blonds, parsemés de mèches blanches comme son mari.

- C’est qui ces personnes !? s’écria Salomon.

- Sûrement des membres de sa famille, répondit Mystix.

Au même moment la femme se réveilla et resta surprise par ce qu’elle vu. Elle plaqua une main sur sa bouche et agrippa le bras de son mari, qui se réveilla à son tour.

- Jean-Francois…. Jean-Francois !!!! Il y a des chats dans la salle !!!!! cria la dame.

- Caroline…. Tu dois rêver. Pourquoi il y aurait des chats dans un hôpital, dit le mari de cette dernière, encore endormi.

- Ouvre les yeux… Je te jure !!!!

- Ah oui… Il me dit quelque chose ce chat. Ça ne serait pas le chat perdu ? Tu te souviens, celui de la pizzeria ?

- Hmmm… Peut-être bien. Peu importe, on rappellera au numéro de l'affiche plus tard, dit Caroline.

La vieille dame se leva et prit Salomon dans ses bras. Son mari fut de même avec Mystix. Le matou roux ressentait la tristesse et l'inquiétude de Caroline. Elle regardait sa fille, couchée dans un grand lit et branché à plusieurs machines, une larme au coin de l'œil. Salomon se coucha sur ses genoux et ronronna. Les 4 visiteurs s'endormirent rapidement, attendant que leur amie - ou fille- se réveille.

BBIBIBIBIBIBIBI!!!!!!!!! Ils se réveillèrent en sursaut. L'électrocardiogramme s'affola.

- Iris !!!! Non, non, non, non !!!! IRIS! Chérie ne t'en va pas !!! Je t’en pris Iris, cria Caroline en pleurant.

Une infirmière arriva en courant accompagnée d'un médecin.

- Qu’est-ce qu’il lui arrive !? demanda Jean-François.

- Elle fait un arrêt cardiaque et une hémorragie, dit précipitamment l’infirmière. Elle doit subir une intervention.

Les deux soignants sortirent une civière et amena Iris. Salomon l’a perdu de vue. Caroline fondit en larmes. Pour la réconforter, Jean-François lui tint la main. Salomon et Mystix se regardèrent, affolés.

- Ça va bien aller, ça va bien aller, se répéta le matou roux.

- Je… je ne sais pas. Ce n’est pas supposé arriver. Salomon… Je suis vraiment désolé que tu assistes à ça, dit Mystix.

Salomon se retourna brusquement vers elle, les yeux remplis de larmes.

- Tout ça est de ma faute ! Miaula le chat.

- Non Salomon, tu n’y es pour rien. C’est un accident.

- Non, tu ne comprends pas. Je dois t’éloigner de moi.

- Pourquoi !? s’écria son amie.

- Je pars. Ce serait mieux pour tout le monde, chuchota t’il.

- Salomon !!! Reviens ici maintenant ! Tu ne peux pas partir, Iris a besoin de toi… J’ai besoin de toi aussi ! dit Mystix.

Le chat roux franchit le cadre de porte et tourna à droite.

- Tu es lâche Salomon ! Tu évites la vérité. S’enfuir n’est pas toujours la solution ! cria la chatte blanche avant de se rouler sur elle-même et de pleurer.

******

Salomon se promenait lentement sur les étages, à la recherche de quelque chose qu’il ne savait même pas. Il n’avait même plus la force de relever la tête, ou même de pleurer. Pour lui, tout n’était que malheur après malheur. Son seul compagnon était rendu sa « boule de peine », comme il l’appelait, qui grandissait petit à petit dans sa gorge, comme un cancer. Chaque mauvaise nouvelle la faisait grandir. Salomon pensa à deux personnes qu’il ne reverra sûrement jamais: Marc, Iris. Tous deux sont entre la vie et la mort à cause de lui. Et Mystix… Salomon était partie par mesure préventive. Pour ses proches, il n’est qu’un porte malheur. Il ne voulait plus jamais faire de mal à personne. Seulement, ce qu’il ne savait pas, c’est qu’il se faisait lui-même du mal…

******

Mystix était encore dans la chambre d’Iris. Elle attendait Salomon. « Il va revenir c’est certain, se dit-elle. »

-On devrait appeler à la Pizzeria pour le chat, dit Caroline en s’essuyant une larme.

-Hmm, fit Jean-François.

La dame composa le numéro.

-Oui allo ?

-Oui bonjour. C’est au sujet du chat perdu…

-Salomon !!! Vous l’avez retrouvé ! Où est-il ?

- Il est à l’Hôpital de l’Enfant Jésus.

-J’arrive tout de suite !

Un infirmier toqua à la porte.

  • C’est pour Iris !? dit Caroline en sautant de sa chaise.
  • Non désolé. Je cherchais Mystix… le chat.

Le chat sauta dans les bras de l’infirmier, qui la redéposa immédiatement par terre.

  • Mme.Ortin est décédée. Elle n’a pas survécue à sa dernière crise d’épilepsie.

Mystix s’écroula sur le sol, dévastée. « Non, non, non. C’est impossible. Elle ne peut pas être morte ! »

La chatte blanche sortie en courant de la chambre, dévala les escaliers et sortit de l’hôpital. Elle s'asseya sur un banc et regarda les immeubles qui l'entouraient.  Au même moment, une Toyota C-HR 1 bleue se stationna. Un homme et une jeune fille d’environ 4 ans sortirent de l'automobile. Elle avait de grands yeux bruns/verts noisettes et les cheveux bruns pâles. La petite fille était plutôt petite pour son âge.

  • On va retrouver Salomon ? dit la petite fille.
  • Il paraît que oui, Rose, répondit l’homme.

« Salomon part avec sa famille. Il ne se rend pas compte de sa chance, se dit Mystix. »

En même temps, la porte d’entrée s’ouvrit, qui laissa appercevoir Salomon. Son visage s’illumina. Il se mit à courir vers son maître et sauta dans ses bras.

- Salomon, tu m’as tant manqué !! dit Marc.

-Salomon ! cria Rose.

Mystix les regarda, les trois ensemble. Elle éprouvait de la joie pour Salomon… évidemment… mais, elle était aussi jalouse. Jalouse du fait qu’il ait toujours une famille sur qui il pouvait compter, jalouse que ses maîtres soient toujours en vie, jalouse que Salomon n’est jamais eu à s’inquiéter de la santé fragile de ses maîtres et d’un jour se retrouver seul… Mystix était seule, complètement seule, sans personne pour la nourrir et la cajoler. Puis, il lui vint une idée, un peu folle, mais cela restait une idée tout de même: si Iris survivait, elle pourrait l’adopter. Cet espoir lui donna la force de se relever et de courir dans l’hôpital jusqu’à la chambre de l’humaine. Contre toute attente, Iris était dans son lit et elle était réveillée.

*********

Salomon, Marc et Rose arrivèrent peu de temps après dans la chambre d’Iris. Entre-temps, elle s’était endormie, encore épuisée de ces mésaventures. Marc s’approcha de Caroline et Jean-Francois.

- Merci du fond du coeur d’avoir retrouvé Salomon, dit-il.

- Ça a été qu’une coïncidence, dit Jean-François.

- Peu importe de quelle façon, l’important c’est qu’il a été retrouvé, répondit Marc. Comment va votre fille ?

- Elle… elle va bien dans un certain sens, chuchota Caroline.

- Dans un certain sens ? demanda le maître de Salomon.

- Oui, elle est arrivée à l’hôpital avec plusieurs blessures. Elle avait perdu connaissance et son cou était cassé. Heureusement, les infirmiers nous ont dit que la colonne vertébrale n’a pas été touchée, donc aucune paralysie, dit Jean-François.

- C’est une bonne nouvelle, dit Marc.

- Oui, mais ensuite elle a fait un arrêt cardiaque et une hémorragie à la veine fémorale, dans la jambe. Ils… ils ont dû l'amputer, dit Caroline en étouffant un sanglot.

- Oh, je suis vraiment désolé. Je… je n’aurais pas dû demander, répondit le maître de Salomon.

- Ce n’est pas de votre faute, vous ne pouviez pas savoir, dit le mari de Caroline.

- La veine fémorale, c’est la grosse veine de la cuisse ca ? demanda Rose.

- Euh… fit Jean-François. La… la veine fémorale… oui c’est dans la cuisse, dit-il en lançant un regard interrogateur à Marc.

- Est-ce que le chat blanc est sourd ? demanda la petite fille.

- Pourquoi serait-il serait sourd ? demanda Marc.

« Non, non, non ! Ne le dis surtout pas ! se dit Mystix. »

- Parce que pour qu'un chat soit entièrement blanc, il faut qu'il ait reçu le gène W de ses parents. Ça bloque la pigmentation du pelage et de l'iris, alors ça détruit des cellules de l'oreille.

Salomon se retourna vers son amie. La chatte khao manee baissa la tête.

- Mystix… Hmm… Es-tu… commença Salomon.

- Si je suis sourde !? Crois-tu que je te répondrais si c’était le cas ? Vas-tu vraiment croire une fillette de 4 ans ? cria Mystix.

- Désolé… je ne voulais pas te vexer, je…

- Oui.

- Oui quoi ? demanda le chat roux.

- Oui je suis sourde… mais d’une seule oreille. Mon oreille du même côté que mon œil bleu. dit son amie.

Salomon ne répondit pas, il ne savait pas quoi dire.

- Rose, où as-tu appris ces informations? demanda son père.

- Dans un livre, dit-elle tout enjouée.

Les parents d’Iris se regardèrent, perplexes. En même temps, ils entendirent:

- Papa, maman, je ne sens plus ma jambe.

Caroline se leva d’un coup et s’approcha du lit.

- Ne t’en fais pas, tout va bien se passer, dit sa mère.

Iris eut une vague d’inquiétude qui traversa ses yeux. D’une manière tremblotante, elle enleva la couverture de ses jambes - où plutôt, de sa jambe. Les yeux de la jeune femme s’agrandirent et sa bouche s’ouvra. Salomon sentit sa détresse et sauta sur le lit de l'humaine. Une larme coula sur la joue d’Iris, suivie d’une panoplie d’autres. Bientôt, la jeune femme pleura toutes les larmes de son corps. Caroline et Jean-François s’approchèrent et la famille se donna un câlin.

C’était la nuit. Iris s’était enfin endormie, ses parents aussi. Marc et Rose étaient restés pour la nuit afin de les accompagner. Ils trouvaient que c'était une bonne façon de les remercier pour avoir retrouvé Salomon. Mystix et le chat roux étaient bien réveillés. Ils discutaient à propos d’un sujet très important qui allait bouleverser la vie de la jeune chatte blanche; où et avec qui elle allait aller.

- Iris pourrait t’adopter non ? demanda Salomon.

- Je crois qu’elle a bien d'autres choses à penser qu’adopter un chat, répondit son amie.

- Plusieurs recherches approuvent la zoothérapie… commença le matou.

- Iris n’a pas besoin de zoothérapie ! Elle a seulement besoin de temps pour de la réhabilitation et pour s'habituer à ce changement radical, dit Mystix.

- Marc et Rose pourraient te prendre. Comme cela on serait ensemble.

- Peut-être bien… réfléchit la chatte.

Mystix se roula sur elle-même et ferma les yeux. Salomon, pour sa part, regarda par la fenêtre qui donnait sur un stationnement. Rien de bien passionnant. La nuit était déjà bien avancée. L’hôpital était silencieux, il n’y avait pas de bruit. Salomon sentait ses yeux s’alourdir, le sommeil commençait à l’atteindre. Puis, un vacarme brisa le silence de l’hôpital. Le matou ouvrit les yeux. Personne d’autre dans la chambre n'avait entendu quoi que ce soit. Le matou se leva et sortit de la chambre, en faisant bien attention de ne réveiller personne. Salomon était dans le couloir. Une effluve inhabituelle rodait dans le bâtiment. Le chat roux regarda à gauche, puis à droite. Rien… sauf une porte entrouverte, laissant apercevoir un filet de lumière.

- Ferme la lumière, chuchota une voix masculine.

Le filet de lumière s'éteignit d’un coup. Des pas se firent entendre. Salomon se plaqua au mur et se fit le plus petit possible. Deux personnes sortirent de la pièce et continuèrent à marcher dans le long couloir. Le jeune chat se faufila dans la pièce où étaient sortis les deux personnes. C’était une pièce de rangement. Plusieurs boîtes étaient empilées l’une par dessus l’autre. Des contenants de médicaments étaient sur les étagères. Mais le plus déroutant était la fenêtre ouverte. Salomon monta sur le rebord de la vitrine et regarda en bas. Une longue corde était attachée à une lumière. Elle partait du bas de l’hôpital jusqu’au début de la fenêtre. Au début de ladite corde, il y avait  une camionnette noire. Du côté conducteur, le matou pouvait apercevoir une silhouette. Le chat se rendit à la conclusion que peu importe ce qu’ils mijotaient, ce n’était pas quelque chose de bon. Rapidement, Salomon sortit de la pièce et utilisa son odorat pour savoir par quel chemin les personnes malveillantes étaient allées. Il suiva l’effluve qui le mena devant la chambre 313.  Le matou s’accroupit et écouta à la porte.

- C’est elle ? Demanda une voix féminine.

- Oui, répondit l'homme d’une voix enjouée. Zella McCarthy, fille du Duc Pharell et de la Duchesse Hannah. Voyons voir ce que le Duc de la Gadamerie fera lorsqu’il découvrira que sa seule héritière est portée disparue.

Salomon manqua de s'étouffer avec sa salive. Que pouvait-il faire pour venir en aide à cette jeune fille ? Il regarda pour la porte, afin d’enregistrer dans sa mémoire le visage des trois personne: l’homme, la femme, et Zella. Le premier était grand et très costaud. Il avait environ 40 ans. Ses cheveux étaient bruns foncés et son nez était immense et crochu. Sa coéquipière, quant à elle, était très jeune. Environ 16 ans. Ses cheveux étaient relevés en chignon et étaient auburn. Les deux étaient habillés de noir. La fille du duc, Lady Zella, avait environ 11 ans et avait les cheveux frisés bruns très pâles ayant plusieurs mèches rousses. La jeune fille portait des lunettes bleues. Elle était endormie et sa jambe était dans un plâtre mauve. Salomon remarqua aussi que sur les habits des kidnappeurs il y avait un logo. Un cercle ayant une étoile transpercée d’une épée. « Bizarre, pensa le chat. Ce n’est pas très effrayant comme dessin. Si j’avais été un criminel, j’aurais choisi un logo qui ferait frémir de peur mes adversaires.» L’homme sortit d’un sac à dos un couvre oreiller beige, parsemé de trous, tandis que sa coéquipière sortait une seringue remplie d’un liquide transparent.

- Asra, occupe toi à faire le guet devant la porte. Et n’échoue pas cette fois-ci.

La jeune femme leva les yeux au ciel et s’approcha de la porte d’une manière nonchalente. Salomon recula en vitesse. Il se tapit derrière un pot de fleur et attendit. Il n’était pas très débrouillard, mais il se força à trouver une solution.. Marc l’avait recueilli à son plus jeune âge, alors Salomon n’avait jamais eu à trouver des solutions par lui-même. Le matou resta assis de longues minutes à se creuser les méninges… mais toujours aucune idée lui venait en tête. À moins que… C’était risqué, mais pas impossible. Salomon redressa la tête, il avait réussi à trouver une solution !

Chapitre 4

L’idée était simple et très risquée, mais c’était la seule qu’il avait. Salomon retourna à la pièce de rangement, celle où les kidnappeurs étaient entrés et vérifia si la corde de la fenêtre était bien attachée. Ensuite, il alla dans la chambre d’Iris pour demander de l’aide. Il ne fallait pas réveiller tout le monde, seulement une personne.

- Mystix… chuchota le matou. Mystix!

Son amie ouvrit ses yeux et le regarda d’un air fatigué.

-Quoi cervelle de morue ?

-J'aurais besoin de ton aide…

Après la longue et interminable explication de tout ce qui s'était passé, Salomon et Mystix étaient enfin prêts à mettre la solution en marche. Mystix se rendit dans la salle de rangement, et Salomon, pour sa part, se rendit devant la porte de chambre de Zella. Asra regarda la petite boule de poil qu’était le matou.

« -Meow ! » fit il.

La jeune femme le regarda d’un regard dégoûté. Elle essaya de le tasser avec son pied mais Salomon ne bougea pas.

-Qu’est-ce que tu veux, vermine ?

« -Meow ! » répondit Salomon.

-Arrête ! Tu vas nous faire voir !!!! chuchota Asra d’un ton sec.

« -Meow ! Meow ! Meow ! Meow ! Meow ! Meow ! »

À bout de nerfs, la kidnappeuse prit le matou par la peau du cou. Elle le rapprocha de son visage et lui lança un regard rempli de haine. Ses yeux étaient vides de toutes autres émotions. Ils reflétaient seulement de la colère. Asra marcha dans le couloir jusqu’à la salle de rangement et envoya Salomon à l’intérieur.

-Miaule dans ton coin, seul, lui cracha-t-elle.

Puis elle referma la porte. Soudain, un énorme vacarme se fit entendre dans la pièce que la jeune femme venait de refermer. Elle ouvra rapidement la porte. Une étagère supportant plusieurs flacons en verre était écrasée sur le sol parmi les milliers de petits morceaux de vitre. Au milieu de tout ce carnage, Salomon et Mystix étaient assis comme si tout était parfaitement normal.

-Bande d’abrutis ! pesta la femme avant de tourner les talons et de s’enfuir vers la chambre de Zella.

Les deux chats la suivirent, amusés de ce qui venait de se passer.

-Grouille toi, Clovis !! Il faut déguerpir d’ici et au plus vite, cria-t-elle.

-Qu’as-tu encore fait, grogna l’homme en mettant en vitesse un énorme sac parsemé de trous sur son épaule.

Les deux malfaiteurs sortirent en trombe de la chambre. Asra fit bien attention d’écraser la queue de Salomon au passage. Ce dernier miaula de douleur avant de partir à rire.

-Tu as vu leur tête ! ricana t’il.

-Salomon…..

-Et quand Asra a rouvert la porte de la salle de rangement, c’était hilarant.

-Salomon….

-Hahahahaha !!

-SALOMON ! cria Mystix.

Le matou était roulé par terre de rire, mais en entendant le cri de son amie il se redressa d’un coup. Mystix le regardait d’un regard plein d’émotions: de la colère, de l’inquiétude et de la tristesse.

-Leur sac n’était pas vide. Zella n’est plus dans sa chambre.

Salomon réalisa soudainement ce que ça impliquait.

-Ils ont réussi leur coup, marmonna-t-il.

-Oui… Notre plan n’a pas fonctionné.

« Que faire maintenant », pensa Salomon. Lui et Mystix se regardèrent durant de longues minutes, essayant de trouver une solution rapidement. Hélas, ils n’étaient que des chats, ils ne pouvaient rien y faire. Malheureux, les deux amis se levèrent et se rendirent à la chambre d’Iris. Tout le monde dormait encore, aucun ne semblait avoir été réveillé par le vacarme…

*************

Le lendemain matin, alors que le Soleil venait à peine de monter ses rayons, tous les visiteurs d’Iris étaient réveillés. Marc, Rose et Salomon se préparaient à partir afin de rentrer chez eux. Le matou était encore peiné des horreurs de la nuit dernière, tout comme Mystix. Mais autre chose préoccupait la jeune chatte. Où allait-elle aller à présent ? Cela sonnait un peu égoïste vu la disparition de Lady Zella, mais elle ne pouvait s’empêcher d’y penser. À l’embrasure de la porte, Salomon jeta un dernier coup d’œil à son amie et lui dit:

-On se reverra… et d’ici là j’aurai trouvé une solution.

Mystix hocha de la tête en se demandant de quelle solution il parlait. Serait-ce la solution de la disparition de la jeune fille, ou son problème à elle étant de n’avoir aucun foyer ? Elle ne le sera probablement jamais. Chagrinée, la jeune chatte blanche monta sur le lit d’Iris, encore endormie, et se roula à côté de sa tête. Les parents de cette dernière ne firent rien pour l'en empêcher.

***********

Après une vingtaine de minutes, Salomon, Rose et Marc sortent de leur voiture. Ils étaientarrivés devant la pizzeria qui a tant manqué au jeune matou roux. Ce dernier était soulagé d’être enfin rentré, évidemment, mais une terrible tristesse l’accablait. Il ne cessait de penser à Mystix qui n’avait plus de foyer et à la jeune Zella, disparue. Salomon ne savait que faire pour les aider. D’ailleurs, il était persuadé qu’ils ne se croiseront pas de sitôt étant donné les circonstances de leur éloignement. Mystix allait sûrement devenir une chatte errante, et la disparition de la jeune fille allait certainement créer un scandale. Une pléthore de questions ne cessait de tourner en boucle dans sa tête: Mais que faisait la fille du Duc de Gadamerie au Canada ? Ce pays était pourtant l’un des plus riches au monde et l’un des plus réputés au niveau de la santé ? Était-elle en voyage ? Où sont ses parents ?

Mais peu importait dorénavant étant donné qu’elle était portée disparue. Bien que Salomon adorerait donner son aide à la petite, il n’était qu’un chat. Il n'avait donc pas beaucoup d’influence sur les humains.

La petite famille passa devant l’entrée de la pizzeria, présentement fermée, pour se rendre à un escalier sur le côté droit du bâtiment. Rose prit Salomon dans ses bras et, elle et son père, montèrent les escaliers afin de se rendre sur un balcon, devant une porte en bois de sapin. Marc sortit ses clefs de sa veste et débarra ladite porte. L’appartement était de petite taille, comportant cinq pièces, six si la salle de bain est inclue. La majorité des murs étaient d’un blanc immaculé, tout comme les armoires et le comptoir de quartz. La table dans la cuisine était ronde et de couleur noir, tandis que le tapis où elle se tenait était bleu turquoise. Cette même couleur se retrouvait aussi sur le canapé dans le salon, dont les coussins blancs et lila se démarquaient. On pouvait apercevoir ça et là des plantes, ce qui rajoute de la joie dans la petite demeure. Le couloir à droite du salon menait à la chambre de Marc, et à celle de Rose. Cette dernière était dotée d’un mur vert émeraude ainsi que trois murs blancs. Un lit ayant une couverture blanche était placé au milieu de la pièce. Une énorme bibliothèque en bois comportant plusieurs livres et jouets recouvrait un des murs. La chambre de Marc, tant qu’à elle était bien banale: quatre murs blancs, un lit noir et une table de chevet.

Rose courut dans sa chambre, tenant toujours Salomon dans ses bras, et sauta sur son lit. Ce n’est qu’à ce moment qu’elle le laissa partir. La petite fille s’assit sur le sol et commença à jouer avec ses animaux en plastique, tandis que le matou se coucha sur le rebord de la fenêtre et se perdit dans ses pensées.

*******

Plus tard dans la soirée Marc appelèrent Rose à table. Il avait commandé de la pizza végétarienne. Un repas relaxant pour se remettre des derniers jours avait il déclaré. Le début du souper se fit en silence. Salomon les regardait manger depuis le canapé du salon. Il savait qu’il devait profiter de ce moment tranquille, car bientôt tout dégénérait. Rose ne mangea même pas une pointe complète. Sûrement que les événements à l’hôpital lui avaient coupé l’appétit. Ils sortirent de table après plus ou moins 15 minutes. Pendant que Marc rangeait la table, le téléphone fixe sonna. L’homme déposa les assiettes qu’il tenait dans ses mains et alla décrocher.

-Oui bonjour ? Dit Marc.

-Bonjour, c’est Raph.

-Oh salut ‘tit frère, répondit le maître de Salomon. Tu appelais à propos de quoi ?

-J’ai apporté Salomon chez le vétérinaire, avant-hier, quand tu étais à l'hôpital après ton incident avec le vieil homme. Et là-bas, un vétérinaire m’a dit qu’il avait une blessure au dos, expliqua Raphaël.

-Ah oui !? Je n’en savais rien, merci de me l’apprendre. Je lui prends un rendez-vous tout de suite.

-J’espère qu’il va bien.

-Il a l’air de bien aller, oui, dit Marc.

-Je vais devoir y aller en tout cas… C’est tout ce que j’avais à dire…

-D’accord, et merci encore !

-Bye !

Marc reposa le téléphone fixe, termina de ramasser la table et reprit ledit téléphone. Il composa le numéro du vétérinaire et attendit. Au bout de quelques minutes, une voix féminine se fit entendre:

-Bonjour, clinique Moustaches et Coussinets à l’appareil, que puis-je pour vous ?

-Oui, bonjour. Un membre de ma famille est passé vous voir avec mon chat il y a deux jours de cela. Il avait des douleurs au dos, et j’aimerais savoir si vous aviez les résultats de l’examen qu’il a passé.

-Quel est le nom, la race, l’âge et le sexe de votre animal ?

-Son nom est Salomon. C’est un chat Abyssin roux de 2 ans, mâle.

-Ce ne serait pas celui qui s’est sauvé par une fenêtre ?

-Quoi !? Euh…. je ne sais pas.

-Celui qui l’accompagnait était bien Raphael Lonell ?

-Oui c’est exact.

-Je vais aller chercher les résultats de la radiographie, je reviens dans un instant.

Marc attendit quelques secondes avant de réentendre la secrétaire parler.

-Alors…. Voyons voir. Les analyses démontrent une tâche sur l’image à l’endroit de l’impact.

- Une tâche ? demanda le maître de Salomon.

-Oui. Je ne connais pas le terme exact cependant. Parfois, lors de l’impact, du liquide, excusez mon manque de connaissance sur ce sujet je ne suis point un vétérinaire, sort d’un vaisseau. Bref, le liquide nous cache la blessure sur la radiographie. Salomon devrait revenir passer des tests afin de nous assurer qu’il n’a rien. Se plaint-t- il encore de douleurs ?

-Non, je ne savais même pas qu’il était blessé, c’est mon frère qui me l’a dit. Pouvons-nous prendre rendez-vous pour demain ?

-Laissez-moi regarder l’horaire de disponibilités… Demain, à 14h30, il y aurait une place libre.

-Parfait, nous serons là. Merci beaucoup. Au revoir.

Marc raccrocha. Il se versa un verre de vin blanc dans une belle coupe et s’assit sur le canapé d’un bleu royal. Il regarda un point vide et laissa sortir un long soupir.

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