Seigneurie
La société médiévale se composait de trois ordres où chacun tenait une place bien définie.
Il y avait :
- Ceux qui combattait : les princes, les seigneurs, les chevaliers
- Ceux qui priaient : les hommes d’Eglise
- Ceux qui travaillaient : les paysans
La société féodale était organisée très hiérarchiquement. Elle était en grande partie composée de paysans (80 à 90 % de la population).Au-dessus d’eux viennent les nobles, les grands seigneurs (grands propriétaires) et les petits seigneurs (petits propriétaires). Plus haut, l’Eglise (les évêques étaient aussi haut placés que les seigneurs). Au sommet se trouve le roi, qui possédait les plus grands domaines et, en théorie, le royaume tout entier.
C’était un monde assez fermé. En effet, la plupart des hommes vivaient dans un univers qui ne dépassait pas les limites des terres de leur seigneur. Ils ne savaient pas ce que signifiait le mot « nation » et ne considéraient pas comme des « Français » mais comme « les sujets du seigneur X ». En outre, toute leur vie, on appartenait à l’ordre au sein duquel on était né.
Sommaire
[masquer]Les paysans
Appelés rustres, manants ou vilains, les paysans forment plus de 90% de la population de l’Europe médiévale.
Ils travaillaient autour du château de leur seigneur. Sauf de rares exceptions, les paysans ne possèdent pas leurs terres : ils travaillent à la tenure que leur seigneur leur cède à vie. Celle-ci se compose en général d’une maison, d’un jardin, de terres labourables, parfois de près et de vignes, et du droit d’utiliser la forêt. En échange, le paysan doit au seigneur des corvées et de nombreuses redevances (sommes d’argent, parties de la récolte ou produits de l’élevage). Qu’il soit libre ou serf, il est toujours dépendant du seigneur qui possède sa terre et qui a aussi une autorité quasi entière sur lui.
La vie des paysans médiévaux est faite d’un travail incessant et de la crainte permanente de la guerre et de la faim. Certains, qui peuvent ou savent profiter des progrès de l’agriculture, s’enrichissent et agrandissent leur tenure : on les appelle les laboureurs, car ils possèdent souvent une charrue et un attelage. Les plus pauvres sont les brassiers ou manouvriers : leur tenure est trop petite pour subvenir à leurs besoins.
Les serfs
Même si l’esclavage disparaît d’Europe vers le 10e siècle, il existe jusqu’à la fin du 13e siècle des paysans dont le corps appartient à leur seigneur : les serfs.
Ces hommes ne possèdent aucun bien et ne peuvent quitter la seigneurie ni se marier sans l’autorisation du seigneur. Ils doivent des redevances et des corvées très lourdes ainsi qu’une taxe spéciale, le chevage.
Ils ne peuvent transmettre leur terre à leurs descendances qu’en acquittant un autre droit : la mainmorte.
Aux 12e et 13e siècles, quand les besoins d’argent des seigneurs augmentent, ils accordent la liberté à leurs serfs contre de fortes sommes.
Remarques :
- Une corvée = sur la seigneurie, en échange de la tenure que confie le seigneur, le paysan doit des corvées, c’est – à – dire un certain nombre de jours de travail dans l’année. Il aide aux travaux des champs sur la réserve seigneuriale, effectue des transports, contribue à l’entretien des routes et des ponts de la seigneurie, des fossés et des murailles du château.
- Une redevance = sur la seigneurie, en échange de la tenure que confie le seigneur, le paysan lui doit des redevances, c’est – à – dire une somme d’argent ou des dons en nature. La principale redevance est le cens, redevance fixe qui se compose d’une somme d’argent ou de dons en nature (blé, œufs, petit bétail, …)
Les seigneurs
Dans l’organisation féodale, le seigneur est lié à ses vassaux par un serment de fidélité et des obligations réciproques. Les seigneurs juraient, de la même façon, d’obéir au roi ou à la reine qui leur avait accordé cette terre et ce pouvoir. Une cérémonie spéciale avait lieu à cette occasion. Le vassal devait tout d’abord rendre hommage au seigneur, puis, lui jurer fidélité.
La société féodale était composée de grands seigneurs, qui possédaient de grands domaines, de petits seigneurs, qui gouvernaient une propriété seigneuriale moins étendue. Les petits seigneurs devaient jurer fidélité et obéissance au seigneur plus puissant comme ceux-ci devaient le faire envers le roi.
En effet, quiconque obtenait un fief ( = une terre) prêtait serment de servir la personne qui avait remis.
Depuis leurs châteaux forts construits sur leurs terres, les seigneurs se comportaient en maîtres du pays. Le seigneur possède aussi le pouvoir du ban, c’est – à – dire le pouvoir de commander, de contraindre ou de punir, qui lui délègue le roi sur la seigneurie. En vertu de ce ban, il peut réquisitionner ses paysans pour la défense du château et lever des taxes à sa guise : la taille seigneuriale et les banalités (taxes sur l’utilisation du four, du moulin et du pressoir). Il est aussi leur juge : il possède toujours la basse-justice, celle qui permet de juger les vols et les petits délits, souvent par conciliation entre adversaires. Certains seigneurs sont aussi haut-justiciers sur leurs terres et celles de leurs vassaux : ils peuvent juger des crimes entraînant la peine de mort.
La seigneurie
Les évêchés, les monastères et les seigneurs laïques possèdent, ou tiennent en fief, des terres qui constituent leur seigneurie.
Celle-ci est divisée en deux parties :
- La réserve que le seigneur fait cultiver par ses domestiques et ses paysans pour son propre usage
- Les tenures qu’il confie à ses paysans en échange de redevances et de corvées.
La féodalité
Au milieu des troubles et des violences qui marquent la période mérovingienne, les guerriers plus faibles prennent l’habitude de se « recommander », c’est – à – dire de se mettre sous la protection d’un plus puissant : ils choisissent d’être les vassaux d’un seigneur. Charlemagne encourage cette pratique pour tous ses sujets. Puis, la recommandation se développe au 10e et 11e siècle quand les rois, sans autorité et incapable d’assurer l’ordre et la pais, laissent leur pouvoir s’émietter aux mains des châtelains. La féodalité devient ainsi l’organisation sociale de la noblesse au Moyen-âge, liant les seigneurs et leurs vassaux par des obligations mutuelles (la vassalité) et le don d’une terre (le fief).
La vassalité
Pour devenir le vassal d’un seigneur, il faut d’abord lui rendre hommage. Tête nue et sans arme, le vassal s’agenouille devant son seigneur, place ses mains dans les siennes en signe de soumission et se déclare « son homme ». Le seigneur l’accepte en le relevant et en lui donnant un baiser. Puis, le vassal, la main posée sur une Bible ou sur un reliquaire, prête foi à son seigneur : il lui jure fidélité. Désormais, les deux hommes sont unis par un lien personnel très fort ; celui qui romprait serait déclaré félon, c’est – à – dire traître.
Le vassal est tenu à certaines obligations à l’égard de son seigneur. Avant tout, il est son soldat et il l’accompagne dans toutes ses expéditions : c’est le service d’ost. Certains jours, il est de garde au château. Le vassal doit aussi à son seigneur le conseil : chaque fois qu’il est convié, il se rend à l’assemblée de ceux dont le seigneur veut l’avis ou l’assistance pour rendre justice. Il doit aussi l’aider financièrement dans quatre circonstances : l’adoubement de son fils aîné, le mariage de sa fille aînée, son départ en croisade et sa rançon s’il est fait prisonnier.
Le fief
Le seigneur à lui aussi des obligations à l’égard de son vassal : il lui doit sa protection. Il est tenu lui fournir de quoi assurer ses devoirs de vassal. Il lui remet une terre pour qu’il puisse se nourrir et s’équiper. Lorsqu’un seigneur reçoit l’hommage et le serment d’un vassal, il lui remet un objet symbolisant le fief : une motte de terre, une gerbe de blé, une branche, …
Le fief doit en principe retourner au seigneur à la mort du vassal. Mais à partir du 9e siècle, ce dernier transmet le fief à son héritier, ce qui lui donne une certaine indépendance vis-à-vis du seigneur. De plus, le vassal détient souvent plusieurs fiefs et dépend donc de plusieurs seigneurs à la fois. En cas de litige, sa fidélité doit aller à son principale seigneur appelé seigneur-lige.